L'expansion de l'utilisation des indices de hedge funds, en tant que véhicules d'investissement, est liée à leurs caractéristiques de transparence, de gestion du risque et du faible niveau de frais prélevé comparé aux produits de substitution que sont les fonds de fonds. Cela a amené les Autorités des Marché Financiers, François Lhabitant et le Hedge Funds Center à s'interroger sur la viabilité de ces indices.
En effet, les études du Hedge Funds Center de Londres et de François Lhabitant mettent en évidence les caractéristiques des indices élaborés par les différents fournisseurs de l'industrie. Elles identifient les problèmes et les biais constitutifs aux indices comparant leurs compositions, leurs stratégies et leurs rendements.
Les biais
Prenant en compte le nombre et les critères de sélection des fonds considérés, le nombre d'indices et de sous-indices, la pondération et les rendements déclarés de ces mêmes indices, les problèmes clés se concentrent sur :
-
le biais de sélection des gérants, c'est-à-dire l'exclusion des fonds n'entrant pas dans les critères de sélection
-
le biais du survivant et des fonds disparus, à savoir l'exclusion des fonds connaissant de mauvaises performances ou en état de faillite
-
les biais liés aux bases de données pour ce qui est de la taille de l'échantillon
-
l'inexactitude des informations collectées ou transmises par les gérants
-
le biais d'auto-corrélation, c'est-à-dire de la non disponibilité de l'information sur une base continue (notamment en ce qui concerne certaines stratégies d'investissement qui sont susceptibles de subir des variations dans le temps)
-
le biais d'histoire instantanée (importation des performances passés)
-
le biais lié au choix d'une base de donnée (CISDM/MAR ; HFR et TASS ; HFR ; TASS ; CISDM/MAR et MSCI ; MSCI)
Les indices
Une autre étude, celle de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers), s'attache à démontrer que les indices de hedge funds peuvent être employés dans le cadre des directives UCITS, norme qualifiant les indices financiers. Cette étude s'attache à faire la distinction entre les indices investissables et les indices non investissables.
Les indices non investissables ont pour rôle de renseigner les marchés et les investisseurs sur une industrie prise dans son ensemble, les biais y sont admis, l'exigence moins pénétrante. Il ne seront ainsi pas transformés en produits d'investissement et ne comportent ainsi pas de risques pour l'investisseur final.
Ils sont aussi nommés « indices globaux » dans la mesure où ils incorporent plusieurs stratégies. Ces indices ne sont nullement représentatifs de l'univers des hedge funds, ils offrent seulement une vision d'ensemble de l'industrie et des indicateurs ou benchmarks de l'évolution de sa performance.
Pour ce qui est des indices investissables, la question s'est portée sur leur réelle représentativité. Cette remarque découle naturellement de l'univers des fonds que ces indices s'attachent à refléter, limité par leur nombre et l'historique des performances passées. L'intérêt içi est de présenter des stratégies ou des styles, des produits d'investissement destinés aux investisseurs, non pas de représenter l'industrie dans son ensemble. Les fournisseurs d'indices suivent scrupuleusement les préconisations de l''UCITS afin de limiter et d'éviter les biais largement répandus dans la classe d'indices précédente. Les indices investissables offrent comme avantage d'apporter des produits d'investissement adaptés aux considérations de l'investisseur.
L'UCITS
Pour qu'un indice soit éligible au sens de l'UCITS (Undertakings for Collective Investment In Transferable Securities), il doit apporter :
-
Transparence dans les méthodes de construction de l’indice (méthode de calcul, méthode de pondération, méthode de rebalancement, etc)
-
Diversification. Le portefeuille sous-jacent à l’indice ne doit pas être concentré sur un seul groupe d’actifs
-
Représentativité. L’indice, en tant que benchmark d’un marché particulier, doit fournir à ses utilisateurs des informations significatives et utiles sur ce marché
Limites indicielles
Encore, selon ce même article, les limites et problèmes posés par les indices actuellement présents dans l'industrie des hedge funds se rencontrent également dans les indices de marchés traditionnels, alors que ces derniers sont généralement acceptés par les investisseurs. Les portefeuilles dans les deux cas sont considérés comme pas représentatifs de leur marché et des performances dégagées.
Tout en remarquant que si le marché des capitaux fournis des données telle que la capitalisation boursière des entreprise, les hedge funds à l'inverse souffrent d'un manque criant de transparence et de communication des données concernant les actifs sous gestion.
Suggestions à l'investisseur
Les suggestions relevées par l'AMF pour la sélection d'indices de qualité et représentatifs de leur univers sont les suivantes :
-
la transparence de la méthode
-
une méthodologie garantissant un degré élevé de représentativité ainsi qu’une classification précise des composantes (telle que l’analyse factorielle)
-
une liquidité minimum des indices
-
le caractère investissable des composantes des indices
-
l’interdiction de pratiques telles que l’intégration d’un historique antérieur à la date d’introduction du fonds
-
une information sur l’exposition aux facteurs de risque
En revanche, il est surprenant que cet article « valide » les biais trouvés, voire même les conforte, alors que tout un chacun le sait, les risques pris par les hedge funds ne sont en communes mesures égaux à ceux de la gestion passive. Si, à mon humble avis cette étude démystifie l'univers indiciel des hedge funds et nous permet d'y approfondir notre connaissance, il est indispensable de rester prudent et vigilant quant à ces affirmations:
-
« La transparence complète n’est pas toujours garantie ». Par exemple, si la composition complète des indices MSCI n’est pas accessible de manière gratuite aux investisseurs comment imaginer que ceux des hedge funds le soient.
-
«La transparence n’est pas un objectif en soit, mais simplement un moyen. Les investisseurs ont plutôt besoin de suffisamment d’information pour évaluer, avec un degré raisonnable de certitude, le profil de risque et de rentabilité d’une opportunité d’investissement ».
-
De même, il est écrit que « pour les indices de hedge funds, les rapports détaillés de performance et de mesures de risque basés sur les rentabilités passées peuvent constituer une alternative viable à une information détaillée sur les composantes des indices ».
-
«Les fonds défunts sont nécessairement exclus des indices de hedge funds investissables, dès la survenue de l’événement provoquant l’arrêt du fonds. L’exclusion des fonds défunts de l’historique total de performance distord cette performance de manière évidente, mais ceci n’est pas un problème, puisque cela ne se produit pas pour les indices de hedge funds investissables».
Sites référents :
Pour plus de renseignements, vous pouvez vous rendre sur le site du Hedge Funds Center de Londres : http://www.london.edu/facultyandresearch/researchactivities/hedgefundcentre.html et de l'AMF : www.amf-france.org
Ou directement sur les fournisseurs d'indices suivants :
Tuna Index : www.hedgefund.net
Van Hedge Funds : www.vanhedge.com
Hedge Fund Research : www.hfr.com
Zurich capital market : www.marhedge.com
CSFB/Tremont Index : www.hedgeindex.com
Hennessee Group : www.hennesseegroup.com
Altvest Index : www.altvest.com
Dont les indices investissables suivant: CS/Tremont, MSCI, HFR et S&P, Dow Jones et FTSE